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Outils du laboratoire de restauration

© Musée de Normandie - Ville de Caen / Lucie Voracek

Restauration

Dès leur mise au jour, beaucoup d'objets archéologiques se trouvent dans un état instable, et les plus fragiles d'entre eux sont rapidement menacés de disparition. Leur bonne conservation nécessite parfois une intervention de restauration, et toujours des mesures de conditionnement adaptées au type de matériau.

 

Créé en 1980, le laboratoire de restauration du Musée de Normandie prend en charge les traitements des objets archéologiques en métal, verre et céramique et aussi la conservation préventive de l'ensemble des collections du musée.

Le rôle du laboratoire de restauration est d'aider les objets à supporter leur sortie de terre, de permettre leur étude par les archéologues et leur exposition. Les interventions se font sur les objets métalliques et sur les céramiques, selon certaines règles : retrouver l'objet tel qu'il pouvait être lors de son utilisation ou de son abandon, augmenter les connaissances historiques et technologiques, ne pas porter préjudice à l'intégrité de l'œuvre originelle. La lisibilité et la réversibilité de l'intervention sont essentielles, tous les produits de restauration utilisés au cours des divers traitements doivent avoir une stabilité dans le temps, une compatibilité avec l'objet et une réversibilité avérées et optimales.

 

Formation des restaurateurs :

Dès la Préhistoire, l'homme a utilisé le métal, témoin d'une activité technologique, sociale et économique. L'objet métallique constitue, parmi les découvertes archéologiques, un des matériaux les plus difficiles à conserver.

Les objets métalliques sont sensibles à la corrosion, processus spontané et irréversible, qui peut déformer complètement l'objet. A leur mise au jour, ils sont rarement identifiables. Des examens et analyses, comme l'examen visuel à l'œil nu ou sous loupe binoculaire, la radiographie, permettent de faire un diagnostic de l'état d'altération et conduisent à diriger l'intervention.

 

  • Radiographie

La radiographie fournit une représentation de la constitution interne et de la surface de l'objet. Elle donne des précisions sur son contour, l'étendue de la corrosion avec localisation des zones de fragilité, la présence de différents matériaux comme le bois (manches de couteaux) ou d'autres métaux (décor d'argent ou de laiton), les techniques de mise en forme et d'assemblage.

 

Radiographie d'une plaque-boucle damasquinée du site de Manerbe

 

© Musée de Normandie - Ville de Caen / Lucie Voracek

Radiographie d'une plaque-boucle damasquinée du site de Manerbe.

© Musée de Normandie - Ville de Caen / Lucie Voracek

  • Stabilisation de la corrosion

Les métaux enfouis dans la terre pendant des siècles, se sont gorgés de composés chimiques instables. Il faut les éliminer pour empêcher les objets de disparaître et permettre le traitement de restauration. Au laboratoire du musée de Normandie cette élimination s'effectue par des bains chimiques qui durent plusieurs mois.

 

  • Restauration : nettoyage, consolidation, protection

La restauration, qui a pour but de retrouver la forme et la surface d'origine de l'objet pour lui rendre sa lisibilité, consiste en différentes étapes de consolidation des parties fragiles et de nettoyage par abrasion mécanique (scalpel, microtour ou microsableuse).
Le point final du traitement consiste à isoler l'objet par application de vernis ou de cire, pour lui permettre d'être exposé et manipulé.

 

Plaque boucle damasquinée.

© Musée de Normandie - Ville de Caen / Lucie Voracek

Etroitement associée à la vie quotidienne des hommes depuis le Néolithique, la céramique représente le matériau le plus fréquemment retrouvé lors de fouilles archéologiques. Les poteries sont constituées d'une pâte d'argile à laquelle sont ajoutés des dégraissants minéraux ou végétaux qui permettent plus de tenue et de résistance lors de la cuisson. Elles sont très résistantes à leur environnement, mais sensibles aux chocs mécaniques et thermiques, elles se présentent souvent sous forme de tessons et d'objets incomplets.

  • Collage

C'est une étape primordiale pour la suite du traitement puisqu'elle consiste à remettre en forme l'objet cassé. Cette opération s'effectue avec une colle entièrement réversible, sur des tessons qui doivent être propres, sans trace de terre, en s'aidant de rubans adhésifs pour maintenir les fragments en place le temps du séchage de la colle. Certaines céramiques trop lourdes ou trop fragiles nécessitent une consolidation interne en complément du collage.

Céramique en cours de restauration (collage).

© Musée de Normandie - Ville de Caen / Lucie Voracek

  • Bouchage

Les céramiques ainsi remontées sont souvent lacunaires, et dans ce cas, le bouchage de petites lacunes ou la restitution d'importantes parties manquantes sont effectués pour renforcer la stabilité et la résistance de l'objet ou pour lui conférer une meilleure lisibilité.
Les parties réintégrées doivent être discernables, de manière discrète, mais sans donner l'illusion d'une pièce intacte, car les cassures et manques font partie de l'histoire de l'objet qu'il faut respecter. Cette intervention se base sur les informations données par la céramique, sans "réinventer" sa forme.
Le traitement est réalisé avec du plâtre, en léger retrait par rapport à la surface des tessons et coloré en surface d'un ton plus clair que l'ensemble de l'objet.

Céramique en cours de restauration (bouchage)

© Musée de Normandie - Ville de Caen / Lucie Voracek